La Corneille, le Rat et la Mairesse
Nous inaugurons une série de fables urbaines pour vous distraire un peu en temps de confinement
Dame Corneille d’habit noir lustrée
A grands coups de bec
Le ventre d’un pauvre rat
Défonçait
C’est sur les Grands Boulevards
Au milieu de déchets
D’ordures entassées
Qu’il besognait les tripes
De cet infortuné
Le spectacle était éprouvant
Les miasmes dissipés
Par le vent
Allaient gonfler
Les poitrines des enfants
Maire Hidalgo
Par l’odeur dérangée
Vint s’enquérir des frasques
Du corvidé
Hohé Madame la Corneille
Pourquoi fouraillez
Vous ainsi cette carcasse
D’aspect si dégueulasse ?
C’est qu’il me faut manger
N’étant par vous
Subventionnée
Et si je vous donnais
Le gîte et le couvert
Le HLM et la cantine scolaire?
Ma foi j’en aviserais
Les tares et les bienfaits
Sur ce Maire Hidalgo
Réunit un bureau
Et gratifia le sombre volatile
D’une opulente cuisine
Pourtant sans hésiter
L’oiseau prit son envol
Pourquoi donc fuyez-vous dit la maire ?
C’est qu’il me convient mieux
D’achever mon repas sur les quais
Vidés de leurs automobiles
Plutôt qu’en cage
Dans vos prisons de ville
Vous me vouliez pigeon ?
Je me préfère volant à votant
Moralité : Ô temps pour rat Ô mairesse